Roger Calmé
CE SERAIT TELLEMENT BIEN!
Allemagne / Peinture / Andrea Harborth, un tableau…
La natation est en elle-même un ouvrage de poésie et de philosophie. La natation est une proximité des fluides, un glissement, une intimité de choses étrangères, mais complices. Il convient juste de trouver la ligne de flottaison. En cela, la peinture d’Andrea Harborth tient pour partie la solution. La peintre berlinoise figure ici un canal qu’elle affectionne beaucoup et qu’elle parcourt à longueur d’année, dans la toile comme dans la
réalité. Son précédent travail mettait ainsi en scène un cycliste. Le sportif remontait les berges et l’entreprise pouvait s’apparenter au combat, tant la tourmente soufflait.
Cette fois, il n’en est rien. Andrea Harborth revient à ce fondamental de la nage qui est une forme de conjugaison avec l’eau. La nageuse pratique dans une eau pâle, qui pourrait aussi bien être un ciel, d’un vert tendre, bordé d’un clapotis complice. Si l’effort existe et on voit bien que les mouvements sont là dans l’engagement des bras et des jambes, il n’a pour objectif que cette jouissance de l’élément.
Aujourd’hui, l’eau du canal est d’une nature propice. Andrea se rappelle alors de son enfance et de cette rivière qui la faisait rêver. Parce que la natation, suggère-t-elle, est d’une nature pacifiée. Le corps se fond, se lie, glisse et s’en va d’un battement régulier vers l’écluse la plus proche. En cela la peinture couvre aussi le vol d’un oiseau, battements d’ailes, ciel aquatique dans un monde apaisé. Ce liquide qui est celui de la (re) naissance, du retour à l’immersion première.